Depuis quelques mois, de drôles de rencontres s'organisent au sein du collège Gérard Gaud de Bourg-lès-Valence : des clash.
Olivia et Anne, les deux éducatrices du service de prévention spécialisée, ont assisté par hasard en février 2012 à l'un de ces face-à-face opposant deux élèves du collège sous l'abri bus situé à la sortie du collège. Intriguées par un regroupement important de collégiens qui scandaient des « ouh ! Ouh ! », elles y ont découvert un nouveau jeu pour le moins original pratiqué par des élèves de Bourg-lès-Valence.
Inspiré par le mouvement hip-hop, ces rencontres organisées à l'avance, et très codifiées par des règles, voient s'affronter oralement deux jeunes concurrents qui ont chacun 1 minute 30 pour adresser à leur adversaire leurs plus belles « vannes » (ou « chambres »). Les deux jouteurs se tiennent à un mètre l'un de l'autre et doivent s'affronter à capella et sans micro, entourés par la foule qui fait office de jury.
Tous les coups sont permis, attaques personnelles, aussi bien sur leur rap que sur le physique, comparaisons peu flatteuses et humour cinglant, le tout dans la bonne humeur et le respect.
Les participants seront départagés par [...] des juges. Les critères que les juges prendront en compte iront de la qualité lyricale, aux punchlines en passant par la présence scénique et le charisme. Les participants mettront un point d'honneur à donner une image positive du mouvement, image renforcée par la poignée de main en fin de battle.(*)
Des exemples de vannes rapportées par les élèves fréquentant la permanence des éducateurs qui se tient au collège le jeudi de 14h30 à 15h30 :
« Après ce clash, tu vas ressembler au fils de Chaplin : j'vais te laisser sans voix ».
« T'es tellement moche que quand tu lances un boomrang, il revient pas... ».
« Ton père est tellement petit qu'il pourrait jouer dans une équipe de baby-foot ».
Selon les propos et ressentis rapportés par les élèves participant ou assistant aux battles, ces dernières ne génèrent aucune violence, ou rancoeur liée à l'affrontement verbal : « on a même le droit de chambrer les mères ou sur le physique ». Ainsi, le « droit de réponse » que constitue en soi l'échange réglementé de vannes est un facteur déterminant aux yeux des jeunes pour qualifier la dimension « fair-play » de cette activité.
Ce jeu se pratique dans la cour, dans les toilettes des garçons, sous l'abris bus. « Au début, les surveillants du collège croyaient que l'on se battait et dispersaient les élèves ».
(*) http://www.rap-contenders.com/index.php